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De cette prédominance exclusive, on trouvera plus loin les preuves les plus abondantes ; mais il importait de l’indiquer ici sans tarder. Pendant près de trois siècles, d’ailleurs, l’Université d’Avignon ne fut guère qu’une Université de droit, ou plutôt des droits, canonique et civil. La Faculté de médecine, quoique mentionnée dans la bulle de fondation de 1303, ne commença à se développer qu’au xvie et surtout au xviie siècle ; le chiffre de ses membres ne fut jamais très élevé. La Faculté de théologie, créée en 1413, ne comprit pendant longtemps qu’un petit nombre de religieux appartenant aux quatre ordres mendiants ; jusqu’en 1655, son doyen fut aussi son unique professeur public. Quant à la Faculté des arts, elle eut pendant le moyen âge quelques périodes de prospérité relative, puis retomba dans l’obscurité. Restaurée en 1675, elle resta trop étroitement liée à la faculté de droit pour pouvoir jamais former, au sein de l’Université, une corporation indépendante et prospère.

Au contraire, la Faculté de droit put s’enorgueillir de bonne heure du grand nombre de ses membres, comme aussi du chiffre de ses élèves et de l’éclat de son enseignement. Dès l’origine, elle constitua ce fameux Collège des docteurs dont la puissance ne cessa de s’accroître et dont l’histoire se confond, pour ainsi dire, avec celle de l’Université elle-même. Si elle laissa aux autres Facultés, en ce qui concernait leurs affaires particulières, une autonomie relative, elle ne consentit jamais qu’avec une mauvaise grâce évidente et une rare parcimonie à leur communiquer quelques parcelles de l’autorité qu’elle avait prise sur l’ensemble du studium. La corporation des docteurs en droit, c’est donc, à bien des égards la corporation universitaire elle-même, et c’est d’elle qu’il faut d’abord s’occuper.

Aux xviie et xviiie siècles, on y entrait par l’agrégation,