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demandées avec une précision assez grande pour pouvoir en déduire des conséquences bien justes sur la courbure des méridiens et de l’équateur, il est facile de se convaincre que la méthode est en elle-même illusoire, du moins sous le point de vue où l’Auteur la présente. En effet, puisqu’on y suppose que les lieux des styles du méridien y soient déterminés par les hauteurs du pôle, déduites à l’ordinaire de l’observation de l’élévation des astres sur l’horizon, il n’est pas difficile de concevoir que l’inclinaison des styles aux rayons du Soleil dépendra uniquement de leurs distances en latitude, et que si ces distances sont égales aux distances en longitude des styles de l’équateur, les ombres des styles correspondants seront nécessairement les mêmes, quelle que puisse être la figure du méridien. Il faudrait, pour que la méthode de l’Auteur pût servir à la détermination de la figure de la Terre, que les distances en latitude des styles du méridien fussent déterminées par la mesure immédiate des degrés alors les observations de l’ombre projetée par ces styles tiendraient lieu des observations astronomiques nécessaires pour déterminer l’amplitude des arcs du méridien compris entre les styles. Mais cette méthode rentrerait ainsi dans celle qui a été mise en usage par les Académiciens français ; seulement elle serait moins exacte et moins sûre, car il est impossible que des observations faites avec des styles puissent jamais atteindre au degré de précision de celles qui ont été faites avec de très-grands secteurs, et avec tant de soin et de scrupule. Il paraît donc par là que l’Auteur de ce Mémoire n’a pas une idée nette de la question, et encore moins des difficultés qu’elle renferme ; et que le nouveau moyen qu’il propose pour la décider ne peut en aucune manière mériter l’attention des Savants.

fin du tome cinquième.