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moyen d’un anneau de carton, et d’observer si l’ouverture proprement dite du dernier oculaire, c’est-à-dire la section du cylindre lumineux qui en sort, est diminuée dans la même proportion ; car la valeur de est toujours proportionnelle à en faisant ou

Or rien n’est plus facile que de mesurer le diamètre de cette section. Pour les télescopes, il n’y a qu’à les diriger vers le Soleil, et recevoir la lumière qui en sort, sur un carton perpendiculaire à l’axe du télescope ; le diamètre du cercle lumineux, formé sur le carton, sera le diamètre cherché. Mais, comme on ne veut tenir compte que des rayons qui entrent parallèlement à l’axe, il sera bon d’allonger le tuyau du télescope du côté de l’objectif, pour intercepter les rayons qui viendraient des bords du Soleil et qui seraient inclinés à l’axe. Pour les microscopes, il n’y aura qu’à placer une lumière au lieu de l’objet, ou plutôt, pour éviter l’effet de la grosseur de la lumière, la placer un peu plus loin, et la faire ensuite passer par un petit trou placé dans l’axe à l’endroit où l’objet doit être situé ; ensuite recevoir de même sur un carton le cylindre lumineux sortant par l’oculaire, et mesurer le diamètre du cercle lumineux formé sur le carton.

Le rapport du diamètre de l’objectif à celui du cercle lumineux donnera sans autre connaissance le grossissement linéaire de l’instrument. Je crois que cette manière de juger du grossissement d’une lunette n’est pas tout à fait inconnue aux artistes opticiens ; mais j’ignore si elle a été démontrée jusqu’ici d’une manière générale.

Comme il y a en Mécanique la loi générale des vitesses virtuelles, par laquelle on peut connaître l’augmentation de force produite par une machine, sans connaître la nature ni la construction de la machine, mais par le simple rapport des vitesses simultanées du point où est appliquée la puissance et du point auquel cette puissance est tran\sinise par la machine ; de même on peut dire qu’il y a en Optique une loi analogue, par laquelle, sans connaître la disposition intérieure d’un télescope ou d’un microscope, on peut juger de sa force par le simple rapport du diamètre de l’ouverture de l’objectif au diamètre de l’ouverture de l’oculaire.