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prince n’en soit charmé, car il me mande de faire l’impossible pour vous engager, et M. de Catt m’écrit d’hier (M. de Catt est le secrétaire du roi) que ce prince vous désire beaucoup, vous attend avec impatience, qu’il est bien sûr que si vous voulez vous aurez plus de écus de France, et que vous aurez à Berlin tous les agréments possibles. Je profiterai de cette bonne volonté pour demander qu’on vous procure toutes les facilités pour votre voyage et votre établissement. Il faut qu’un homme tel que vous soit appelé par un prince tel que lui avec les distinctions et l’agrément que vous méritez. Je désire beaucoup que vous passiez par Paris ; j’en demanderai même la permission au roi de Prusse ; mais cependant, comme il me paraît pressé de vous avoir, je n’insisterai pas là-dessus. Ne manquez pas d’écrire au roi dès que vous aurez votre congé ; peut-être même ferez-vous bien de lui écrire avant que de l’avoir obtenu. Je ne doute presque pas, à moins de quelque inconvénient que je ne prévois point, que ce prince ne vous demande au roi de Sardaigne, si votre congé tardait trop. J’aurai l’honneur de lui en écrire un mot. Écrivez aussi à de Catt, secrétaire des commandements de Sa Majesté, à Potsdam, en Brandebourg, ou à Berlin. Vous mettrez le tout sous un seul paquet à l’adresse de MM. Girard, Michelet et Cie, négociants à Berlin. Il faudra que la Lettre pour le roi soit dans la même enveloppe avec celle de M. de Catt, parce que celui-ci la présentera. Je vous conseille de demander : 1o la permission de passer par Paris, pour me voir et pour raisonner avec moi de bien des choses concernant la Prusse et l’Académie : 2o une bonne somme pour votre voyage, plutôt plus que moins ; 3o un logement et une somme pour vous meubler, si cela est possible. Cependant il ne faut pas trop insister sur ce dernier article ; je me


    roi de Sardaigne même le congé de M. de la Grange, il ne l’obtienne sur-le-champ et ne se mette incessamment en route. En ce cas, Votre Majesté voudrait bien donner ses ordres pour les frais de son voyage. Il est bien singulier que M. Euler, comblé de biens par Votre Majesté, lui et sa famille, ait obtenu son congé si aisément, après vingt-six ans de séjour, et que M. de la Grange, dont on ne juge pas à propos d’assurer la fortune dans son pays, soit obligé de solliciter comme une grâce la permission d’aller jouir ailleurs de la justice qu’un grand roi lui rend. » (Œuvres de Frédéric II, t. XXIV, p. 404.)