trop de besogne pour pouvoir quitter ; j’en suis aussi fâché que vous, car ce serait pour moi un agréable compagnon de voyage.
Soyez tranquille sur ce que vous me demandez par rapport à vous, et comptez que je n’oublierai rien pour vous obliger, ou plutôt pour vous rendre la justice que vous méritez si bien et à tant d’égards.
J’ai reçu, en effet, une Lettre de M. Beguelin, et je crois y avoir répondu, à moins que la situation d’esprit et de corps où j’ai été pendant plusieurs mois n’ait occasionné un oubli que je le prie de me pardonner. Dites-lui, je vous prie, combien je désire de lui être utile et combien je serai attentif à en saisir toutes les occasions.
Je vous invite fort à travailler à nos comètes, et je compte sur la parole que vous m’en donnez. Cette matière a besoin de vous, car il y reste beaucoup à faire.
Je voudrais bien que la première place d’associé étranger qui vaquera chez nous fût pour M. Margraff, et je ne négligerai rien pour lui faire rendre cette justice. Nous parlerons plus au long de votre Académie et de la nôtre quand j’aurai le plaisir de vous embrasser.
J’ai lu avec attention vos réponses à mes objections sur la théorie des ressorts. Elles sont aussi satisfaisantes qu’il est possible, et plusieurs même ne me laissent rien à désirer. Cependant je vous avoue qu’il me reste toujours des nuages sur cette théorie. Je m’en suis assez occupé, surtout dans ces derniers temps, et j’ai bien de la peine à me faire sur cela des idées nettes et précises. Au reste, nous en causerons plus au long, et il est inutile de vous fatiguer si longtemps de la même diatribe. Adieu, mon cher et illustre ami, je vous embrasse de tout mon cœur en attendant le plaisir de vous revoir. Mes respects à l’Académie et mes compliments à tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi.
À propos, il me semble que le Mémoire d’Euler de 1756, que vous citez au commencement de votre beau Mémoire sur les intégrales particulières, ne contient absolument rien sur ce sujet que je n’eusse dit avant lui, comme vous pouvez en voir la preuve dans le Tome I de mes Opuscules, page 244. Il me semble même que ce que j’avais fait à ce sujet est totalement différent et indépendant de ce que Clairaut avait fait en