Est-il vrai que vous vous êtes réconcilié avec Lalande et brouillé avec Voltaire ? Le marquis Caraccioli est-il à Paris ? Cura ut valeas et nos ames.
87.
D’ALEMBERT À LAGRANGE.
Mon cher et illustre ami, je n’ai point été en Italie parce que j’ai vu par expérience, après avoir fait quelque chemin, que j’étais l’animal du monde le moins propre aux voyages et le plus fait par la nature pour ne pas changer de place. J’ignore si cette disposition changera, mais il faudra qu’elle change beaucoup pour me déterminer au voyage d’Italie. J’aimerais encore mieux faire celui de Berlin, ne fût-ce que pour avoir le plaisir de vous embrasser et de causer avec vous. Ma santé est meilleure cependant je ne puis encore me livrer au travail comme je le voudrais, et je ne ferai pas grand’chose au moins d’ici à longtemps.
Je suis charmé que vous n’ayez pas été mécontent de mes recherches sur la libration de la Lune. Vous trouverez dans le Volume de 1769, qui s’imprime, des recherches sur le Calcul intégral dont le texte est déjà dans les Mémoires de 1767. Je vous les enverrai dès qu’elles seront prêtes. Nos Mémoires de 1768 paraissent depuis un mois ; ainsi vous pouvez tout à votre aise faire à M. Fontaine la réponse qu’il mérite. Je vous recommande, outre ce qui vous intéresse personnellement sur les tautochrones et les questions de maximis et minimis, de le relever sur les équations, ne fût-ce que pour confirmer mes objections, dont il paraît avoir fait peu de cas, quelque Justes qu’elles vous aient paru.
Je serai charmé de recevoir les Volumes de 1768 et 1769 dès que vous pourrez me les envoyer. Le marquis de Condorcet, qui a voyagé avec moi, est à Paris jusqu’au mois de mai et me charge de vous faire