année, et je doute encore moins que ce voyage ne fût entièrement utile à votre santé ; il n’y a certainement rien de tel que les voyages pour ceux qui sont accoutumés à mener une vie sédentaire et qui sont sujets, en conséquence, aux maladies qui viennent de ce genre de vie je vous en parle d’après ma propre expérience, et je vous assure qu’il n’y a pas de comparaison entre la santé dont je jouis depuis quelques années et celle que j’avais avant mon premier voyage de Paris. S’il n’y a donc point d’autre considération qui vous retienne que celle de votre santé, vous avez, ce me semble, doublement tort de vous refuser ainsi aux instances de vos amis ; mais je crains beaucoup que toutes les raisons que vous apportez ne soient que des défaites, et, malgré l’extrême envie que j’ai de vous revoir et de vous embrasser, je n’ose encore me flatter si tôt de cette espérance. Je joins ici un papier pour M. Bailly[1], en réponse à celui que vous m’avez envoyé de sa part. Je crois avoir donné la véritable théorie des équations séculaires de Jupiter et de Saturne, et je serais charmé que quelqu’un voulût bien prendre la peine de la comparer avec les observations. Adieu, mon cher et illustre ami il ne me reste de papier que pour vous embrasser.
49.
D’ALEMBERT À LAGRANGE.
Mon cher et illustre ami, je suis charmé que vous n’ayez pas été mécontent de mon Mémoire sur les tautochrones[2], et je vous suis obligé d’avoir réveillé d’anciennes idées que j’avais sur ce problème