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SECONDE PARTIE. — SECTION VII.

L’hypothèse d’une planète brisée par une explosion interne a déjà été proposée par M. Olbers, pour expliquer la presque égalité des éléments des quatre nouvelles planètes ; et ce qui pourrait la confirmer, ce sont les variations de lumière qu’on observe dans ces planètes, et qui, en indiquant un mouvement de rotation, indiquent en même temps que leur figure n’est pas de révolution comme celles des autres planètes ; que, par conséquent, elles ne pouvaient pas être fluides, mais qu’elles devaient être déjà durcies lorsqu’elles sont devenues planètes comme elles le sont dans l’état actuel.

Si l’on suppose l’orbite primitive circulaire, et l’orbite changée par l’explosion elliptique, mais peu différente d’un cercle et peu inclinée au plan de l’orbite primitive, et qu’on n’ait égard qu’aux premières dimensions de l’excentricité et du sinus de l’inclinaison on a

l’angle étant celui que le rayon fait avec le rayon du périhélie,

Ainsi, puisque les excentricités et les inclinaisons des planètes ne gardent entre elles aucune loi et n’ont de commun que leur petitesse, on pourrait supposer que les orbites des planètes ont été circuiaires dans leur formation, et qu’elles sont devenues ensuite elliptiques et inclinées par l’effet de petites explosions internes. En effet, si un petit morceau de la masse d’une planète en avait été détaché et lancé avec une vitesse capable d’en faire une comète, la planète n’aurait reçu en sens contraire qu’une petite vitesse qui aurait pu changer son orbite circulaire en elliptique et inclinée, comme celles de nos planètes, et la même impulsion aurait pu produire aussi quelque changement sur sa rotation, comme nous le verrons plus bas.