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PREMIÈRE PARTIE. — SECTION I.


18. Quant à la nature du principe des vitesses virtuelles, il faut convenir qu’il n’est pas assez évident par lui-même pour pouvoir être érigé en principe primitif ; mais on peut le regarder comme l’expression générale des lois de l’équilibre, déduites des deux principes que nous venons d’exposer. Aussi, dans les démonstrations qu’on a données de ce principe, on l’a toujours fait dépendre de ceux-ci par des moyens plus ou moins directs. Mais il y a, en Statique, un autre principe général et indépendant du levier et de la composition des forces, quoique les mécaniciens l’y rapportent communément, lequel paraît être le fondement naturel du principe des vitesses virtuelles on peut l’appeler le principe des poulies.

Si plusieurs poulies sont jointes ensemble sur une même chape, on appelle cet assemblage polispaste ou moufle, et la combinaison de deux moufles, l’une fixe et l’autre mobile, embrassées par une même corde dont l’une des extrémités est fixement attachée, et l’autre est attirée par une puissance, forme une machine dans laquelle la puissance est au poids porté par la moufle mobile comme l’unité est au nombre des cordons qui aboutissent à cette moufle, en les supposant tous parallèles et faisant abstraction du frottement et de la roideur de la corde ; car il est évident qu’à cause de la tension uniforme de la corde dans toute sa longueur, le poids est soutenu par autant de puissances égales à celle qui tend la corde qu’il y a de cordons qui soutiennent la moufle mobile, puisque ces cordons sont parallèles et qu’ils peuvent même être regardés comme n’en faisant qu’un, en diminuant, si l’on veut, à l’infini le diamètre des poulies.

En multipliant ainsi les moufles fixes et mobiles, et les faisant toutes embrasser par la même corde au moyen de différentes pouliés fixes de renvoi, la même puissance, appliquée à son extrémité mobile, pourra soutenir autant de poids qu’il y a de moufles mobiles, et dont chacun sera à cette puissance comme le nombre des cordons de la moufle qui le soutient est à l’unité.

Substituons, pour plus de simplicité, un poids à la place de la puissance. après avoir fait passer sur une poulie fixe le dernier cordon qui