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PREMIÈRE PARTIE. — SECTION I.

leurs directions font avec la direction moyenne que le corps prendrait s’il n’était pas arrêté, et il en fait l’application au plan incliné et au levier lorsque ses extrémités sont tirées par des puissances dont les directions font un angle ; mais, pour le cas où ces directions sont parallèles, il emploie un raisonnement vague et peu concluant.

La conformité du principe employé par Lami avec celui de Varignon avait fait dire à l’auteur de l’Histoire des Ouvrages des Savants (avril 1688) qu’il y avait apparence que le premier devait au dernier la découverte de son principe. Lami s’est justifié de cette imputation, dans une Lettre publiée dans le Journal des Savants du 13 septembre 1688, à laquelle le journaliste a répondu au mois de décembre de la même année mais cette contestation, à laquelle Varignon n’a point pris part, n’a pas été plus loin, et l’écrit de Lami paraît être tombé dans l’oubli.

Au reste, la simplicité du principe de la composition des forces et la facilité de l’appliquer à tous les problèmes sur l’équilibre l’ont fait adopter des mécaniciens aussitôt après sa découverte, et l’on peut dire qu’il sert de base à presque tous les Traités de Statique qui ont paru depuis.


14. On ne peut cependant s’empêcher de reconnaître que le principe du levier a seul l’avantage d’être fondé sur la nature de l’équilibre considéré en lui-même, et comme un état indépendant du mouvement ; d’ailleurs il y a une différence essentielle dans la manière d’estimer les puissances qui se font équilibre dans ces deux principes ; de sorte que, si l’on n’était pas parvenu à les lier par les résultats, on aurait pu douter avec raison s’il était permis de substituer au principe fondamental du levier celui qui résulte de la considération étrangère des mouvements composés.

En effet, dans l’équilibre du levier, les puissances sont des poids ou peuvent être regardées comme tels, et une puissance n’est censée double ou triple d’une autre qu’autant qu’elle est formée par la réunion de deux ou trois puissances égales chacune à l’autre puissance. Mais la tendance à se mouvoir est supposée la même dans chaque puissance,