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MÉCANIQUE ANALYTIQUE

la tête de la Nouvelle Mécanique, on ait avancé qu’il avait donné deux ans auparavant, dans l’Histoire de la République des Lettres, un Mémoire sur les poulies à moufle, dans lequel il se servait des mouvements composés pour déterminer tout ce qui regarde cette machine ; mais je dois observer que cet article manque d’exactitude. Le Mémoire dont il s’agit, sur les poulies, ne se trouve que dans les Nouvelles de la République des Lettres du mois de mai 1687, sous le titre de Nouvelle démonstration générale de l’usage des poulies à moufle. L’auteur y considère l’équilibre d’un poids soutenu par une corde qui passe sur une poulie, et dont les deux parties ne sont pas parallèles. Il n’y fait point usage ni même mention du principe de la composition des forces, mais il emploie les théorèmes déjà connus sur les poids soutenus par des cordes, et il cite les Statiques de Pardis et de Dechales. Dans une seconde démonstration, il réduit la question au levier, en regardant la droite qui joint les deux points où la corde abandonne la poulie, comme un levier changé du poids appliqué à la poulie, et dont les extrémités sont tirées par les deux portions de la corde qui soutient la poulie.

Pour ne rien omettre de ce qui regarde l’histoire de la découverte de la composition des forces, je dois dire un mot d’un petit écrit publié par Lami en 1687, sous le titre de Nouvelle manière de démontrer les principaux théorèmes des éléments des mécaniques. L’auteur observe, que, si un corps est poussé par deux forces suivant deux directions différentes, il suivra nécessairement une direction moyenne ; de sorte que, si le chemin suivant cette direction lui était fermé, il demeurerait en repos, et les deux forces se feraient équilibre. Or il détermine la direction moyenne par la composition des deux mouvements que le corps prendrait dans le premier instant en vertu de chacune des deux forces, si elles agissaient séparément, ce qui lui donne la diagonale du parallélogramme dont les deux côtés seraient les espaces parcourus en même temps par l’action des deux forces et, par conséquent, proportionnels aux forces. De là il tire tout de suite le théorème que les deux forces sont entre elles en raison réciproque des sinus des angles que