Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 11.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
PREMIÈRE PARTIE. — SECTION I.

restée dans l’oubli dans un Traité d’Harmonie, assez rare aujourd’hui, où personne ne s’avise de la chercher. Au reste, je ne suis entré dans ce détail sur ce qui regarde la théorie du levier, que pour faire plaisir à ceux qui aiment à suivre la marche de l’esprit dans les sciences, et à connaître les routes que les inventeurs ont tenues et les routes plus directes qu’ils auraient pu tenir.


8. Les Traités de Statique qui ont paru après celui de Roberval, jusqu’à l’époque de la découverte de la composition des forces, n’ont rien ajouté à cette partie de la Mécanique ; on n’y trouve que les propriétés déjà connues du levier et du plan incliné, et leur application aux autres machines simples encore y en a-t-il quelques-uns qui renferment des théories peu exactes, comme celui de Lami sur l’équilibre des solides, où il donne une proportion fausse du poids à la puissance qui le retient sur un plan incliné. Je ne parle pas ici de Descartes, des Torricelli et de Wallis, parce qu’ils ont adopté pour l’équilibre un principe qui se rapporte à celui des vitesses virtuelles, et dont ils n’avaient pas la démonstration.


9. Le second principe fondamental de la Statique est celui de la composition des forces. Il est fondé sur cette supposition que, si deux forces agissent à la fois sur un corps[1] suivant différentes directions, ces forces équivalent alors à une force unique, capable d’imprimer au corps le même mouvement que lui donneraient les deux forces agissant séparément. Or un corps, qu’on fait mouvoir uniformément suivant deux directions différentes à la fois, parcourt nécessairement la diagonale du parallélogramme dont il eût parcouru séparément les côtés en vertu de chacun des deux mouvements. D’où l’on conclut que deux puissances quelconques, qui agissent ensemble sur un même corps, sont équivalentes à une seule représentée, dans sa quantité et sa direction, par la diagonale du parallélogramme dont les côtés repré-

  1. Le mot corps désigne ici un point matériel.(J. Bertrand.)