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SECONDE PARTIE. — SECTION I.

point, forme ce qu’on appelle un pendule simple ; et la loi des vibrations de ce pendule dépend uniquement de sa longueur, c’est-à-dire de la distance entre le poids et le point de suspension. Mais, si à ce fil on attache encore un ou plusieurs poids, à différentes distances du point de suspension, on aura alors un pendule composé dont le mouvement devra tenir une espèce de milieu entre ceux des différents pendules simples que l’on aurait si chacun de ces poids était suspendu seul au fil. Car, la force de la gravité tendant d’un côté à faire descendre tous les poids également dans le même temps, et de l’autre l’inflexibilité du fil les contraignant à décrire dans ce même temps des arcs inégaux et proportionnels à leur distance du point de suspension, il doit se faire entre ces poids une espèce de compensation et de répartition de leurs mouvements ; en sorte que les poids qui sont les plus proches du point de suspension hâteront les vibrations des plus éloignés, et ceuxci, au contraire, retarderont les vibrations des premiers. Ainsi il y aura dans le fil un point où, un corps étant placé, son mouvement ne serait ni accéléré ni retardé par les autres poids, mais serait le même que s’il était seul suspendu au fil. Ce point sera donc le vrai centre d’oscillation du pendule composé, et un tel centre doit se trouver aussi dans tout corps solide, de quelque figure que ce soit, qui oscille autour d’un axe horizontal.

Huygens vit qu’on ne pouvait déterminer ce centre d’une manière rigoureuse sans connaître la loi suivant laquelle les différents poids du pendule composé altèrent mutuellementles mouvementsque la gravité tend à leur imprimer à chaque instant ; mais, au lieu de chercher à déduire cette loi des principes fondamentaux de la Mécanique, il se contenta d’y suppléer par un principe indirect, lequel consiste à supposer que, si plusieurs poids, attachés comme l’on voudra à un pendule, descendent par la seule action de la gravité, et que, dans un instant quelconque, ils soient détachés et séparés les uns des autres, chacun d’eux, en vertu de la vitesse acquise pendant sa chute, pourra remonter à une telle hauteur que le centre commun de gravité se trouvera remonté à la même hauteur d’où il était descendu. À la vérité,