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SECONDE PARTIE. — SECTION I.

instant dans le même point de l’espace où il devrait se trouver, en effet, par la combinaison de ces mouvements, s’ils existaient chacun réellement et séparément dans le corps. C’est dans ces deux lois que consistent les principes connus de la force d’inertie et du mouvement composé. Galilée a aperçu le premier ces deux principes et en a déduit les lois du mouvement des projectiles, en composant le mouvement oblique, effet de l’impulsion communiquée au corps, avec sa chute perpendiculaire due à l’action de la gravité.

À l’égard des lois de l’accélération des graves, elles se déduisent naturellementde la considération de l’action constante et uniforme de la gravité, en vertu de laquelle, les corps recevant dans des instants égaux des degrés égaux de vitesse suivant la même direction, la vitesse totale acquise au bout d’un temps quelconque doit être proportionnelle à ce temps ; et il est clair que ce rapport constant des vitesses au temps doit être lui-même proportionnel à l’intensité de la force que la gravité exerce pour mouvoir le corps ; de sorte que, dans le mouvement sur des plans inclinés, ce rapport ne doit pas être proportionnel à la force absolue de la gravité, comme dans le mouvement vertical, mais à sa force relative, laquelle dépend de l’inclinaison du plan et se détermine par les règles de la Statique ; ce qui fournit un moyen facile de comparer entre eux les mouvements des corps qui descendent sur des plans différemment inclinés.

Cependant il ne paraît pas que Galilée ait découvert de cette manière les lois de la chute des corps pesants. Il a commencé, au contraire, par supposer la notion d’un mouvement uniformément accéléré, dans lequel les vitesses croissent comme les temps ; il en a déduit géométriquement les principales propriétés de cette espèce de mouvement et surtout la loi de l’accroissement des espaces en raison des carrés des temps ; ensuite il s’est assuré, par des expériences, que cette loi a lieu effectivement dans le mouvement des corps qui tombent verticalement ou sur des plans quelconques inclinés. Mais, pour pouvoir comparer entre eux les mouvements sur différents plans inclinés, il a été obligé d’abord d’admettre ce principe précaire, que les vitesses acquises en