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MÉCANIQUE ANALYTIQUE

taches du Soleil, etc., ne demandaient que des télescopes et de l’assiduité mais il fallait un génie extraordinaire pour démêler les lois de la nature dans des phénomènes que l’on avait toujours eus sous les yeux, mais dont l’explication avait néanmoins toujours échappé aux recherches des philosophes.

Huygens, qui paraît avoir été destiné à perfectionner et compléter la plupart des découvertes de Galilée, ajouta à la théorie de l’accélération des graves celle du mouvement des pendules et des forces centrifuges[1] et prépara ainsi la route à la grande découverte de la gravitation universelle. La Mécanique devint une science nouvelle entre les mains de Newton, et ses Principes mathématigues, qui parurent, pour la première fois, en 1687, furent l’époque de cette révolution.

Enfin l’invention du Calcul infinitésimal mit les géomètres en état de réduire à des équations analytiques les lois du mouvement des corps ; et la recherche des forces et des mouvements qui en résultent est devenue, depuis, le principal objet de leurs travaux.

Je me suis proposé ici de leur offrir un nouveau moyen de faciliter cette recherche ; mais, auparavant, il ne sera pas inutile d’exposer les principes qui servent de fondement à la Dynamique, et de présenter la suite et la gradation des idées qui ont le plus contribué à étendre et à perfectionner cette science.

1. La théorie des mouvements variés et des forces accélératrices qui les produisent est fondée sur ces lois générales que tout mouvement imprimé à un corps est, par sa nature, uniforme et rectiligne, et que différents mouvements imprimés à la fois ou successivement à un même corps se composent de manière que le corps se trouve à chaque

  1. Galilée avait certainement l’idée de la force centrifuge, et, dans un de ses dialogues, il explique clairement que la rotation de la Terre ferait prendre au corps une vitesse verticale apparente dirigée de bas en haut, s’ils n’étaient retenus par la pesanteur. Mais il se trompe en ajoutant que la pesanteur, quelque petite qu’on la supposât, suffirait pour empêcher un pareil mouvement. Malgré cette erreur grave, le passage des Dialogues me paraît renfermer la première idée de la grande découverte d’Huygens. Voir Dialogo sopra le due massimi sistemi del mondo p. 185 et suiv. (édition de Florence ; 1710). (J. Bertrand.)