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PREMIÈRE PARTIE. — SECTION I.

levier angulaire tiré à ses extrémités par des forces perpendiculaires et en raison inverse de la longueur des bras, comme dans le levier droit.

Or une force peut être censée appliquée à tel point que l’on veut de sa direction. Donc deux forces, appliquées a des points quelconques d’un plan retenu par un point fixe et dirigées comme on voudra dans ce plan, sont en équilibre lorsqu’elles sont entre elles en raison inverse des perpendiculaires abaissées de ce point sur leurs directions ; car on peut regarder ces perpendiculaires comme formant un levier angulaire dont le point d’appui est le point fixe du plan c’est ce qu’on appelle maintenant le principe des moments, en entendant par moment le produit d’une force par le bras du levier par lequel elle agit.

Ce principe général suffit pour résoudre tous les problèmes de la Statique. La considération du treuil l’avait fait apercevoir dès les premiers pas que l’on a faits après Archimède, dans la théorie des machines simples, comme on le voit par l’Ouvrage de Guido Ubaldo, intitulé Mecanicorum liber, qui a paru à Pesaro, en 1577 ; mais cet auteur n’a pas su l’appliquer au, plan incliné, ni aux autres machines qui en dépendent, comme le coin et la vis dont il n’a donné qu’une théorie peu exacte.


5. Le rapport de la puissance au poids sur un plan incliné a été longtemps un problème parmi les mécaniciens modernes. Stevin l’a résolu le premier ; mais sa solution est fondée sur une considération indirecte et indépendante de la théorie du levier.

Stevin considère un triangle solide posé sur sa base horizontale, en sorte que ses deux côtés forment deux plans inclinés ; et il imagine qu’un chapelet formé de plusieurs poids égaux, enfilés à des distances égales, ou plutôt une chaîne d’égale grosseur, soit placé sur les deux côtés de ce triangle, de manière que toute la partie supérieure se trouve appliquée aux deux côtés du triangle, et que la partie inférieure pende librement au-dessous de la base, comme si elle était attachée aux deux extrémités de cette base.