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MÉCANIQUE ANALYTIQUE

extrémités ; alors, en appliquant ce levier en équilibre sur le premier levier qui est supposé en équilibre sur son point d’appui, l’équilibre total subsistera toujours, et, si l’application se fait de manière que le milieu du second levier coïncide avec l’extrémité d’un des bras du premier levier, la force qui soutient le second levier pourra être censée appliquée au poids même dont ce bras est chargé, et qui, étant soutenu, n’aura plus d’action sur le levier, mais se trouvera ainsi remplacé par deux poids égaux chacun à sa moitié et placés de part et d’autre de ce poids sur le premier levier prolongé. Cette superposition d’équilibres est, en Mécanique, un principe aussi fécond que l’est, en Géométrie, la superposition des figures.


4. On peut donc regarder l’équilibre d’un levier droit et horizontal, chargé de deux poids en raison inverse de leurs distances au point d’appui du levier, comme une vérité rigoureusement démontrée ; et, par le principe de la superposition, il est facile de l’étendre à un levier angulaire quelconque, dont le point d’appui serait dans l’angle et dont les bras seraient tirés en sens contraire par des forces perpendiculaires à leurs directions. En effet, il est évident qu’un levier angulaire à bras égaux, et mobile autour du sommet de l’angle, sera tenu en équilibre par deux forces égales appliquées perpendiculairement aux extrémités des deux bras, et tendant à les faire tourner en sens contraire. Si donc on a un levier droit en équilibre, dont l’un des bras soit égal à ceux du levier angulaire et soit chargé à son extrémité d’un poids équivalent à chacune des puissances appliquées au levier angulaire, l’autre bras étant chargé du poids nécessaire pour l’équilibre, et qu’on superpose ces leviers de manière que le sommet de l’angle de l’un tombe sur le point d’appui de l’autre, et que les bras égaux de l’un et de l’autre coïncident et n’en forment plus qu’un, la puissance appliquée au bras du levier angulaire soutiendra le poids suspendu au bras égal du levier droit, de manière qu’on pourra faire abstraction de l’un et de l’autre, et supposer le bras formé de la réunion de ces deux-ci anéanti. L’équilibre subsistera donc encore entre les deux autres bras formant un