combattu avec tant d’acharnement par une multitude de sectaires, des nuages s’élèvent dans leur foi, et la vérité de la religion ne leur paraît ph si claire. Pour eux tous ces événements se passent dans le lointain ; les catholiques, les schismatiques, les hérétiques, tout est européen à leurs yeux, et l’idée qu’il se passe tant de controverses en Europe, au sujet de points de doctrine qu’on leur fait un article de foi de regarder comme incontestable, nuit infiniment à la simplicité de leur foi.
Les développements avec lesquels les théologiens moralistes d’Europe ont traité les préceptes du Décalogue et surtout le sixième, produisent aussi sur eux les plus fâcheuses impressions ; ils ont l’imagination salie et la conscience révoltée de trouver décrites avec tant de détails de semblables matières.
Souvent aussi, pensant y trouver la description des moeurs européennes, ils parcourent les diverses questions de ces traités avec une curiosité maligne et jalouse, et finissent par se former une idée affreuse de la moralité des chrétiens d’Europe.
Ces misères et beaucoup d’autres encore, qu’il serait trop long d’énumérer, ne pourraient pas avoir lieu si l’on prenait pour auteur le Catéchisme romain : seulement le professeur, qui devrait être un missionnaire expérimenté dans les moeurs et les coutumes du pays, donnerait de vive voix sur chaque article les développements nécessaires.
Dans ces considérations les questions ne sont qu’effleurées ; pour les traiter à fond il faudrait deux traités complets : l’un sur la prédication aux gentils, l’autre sur l’éducation du clergé indigène ; mais les bornes de l’écrit actuel ne permettent pas cette étendue.
Tout ce qui vient d’être proposé peut se réduire à la comparaison suivante :
Lorsqu’il s’agit d’ensemencer un champ, le père de famille met un soin extrême à choisir une bonne semence, à l’émonder, et à la purger de toute graine étrangère : s’il néglige cette précaution on verra germer dans son champ, au milieu de quelques bonnes tiges, mille herbes étrangères et inutiles qui défigureront extrêmement la moisson, et étoufferont même la bonne semence.