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viscosité. Même dans ceux qui le seront le moins ou qui ne le seront pas d’une manière appréciable, comme l’eau et les gaz, les groupes moléculaires n’auront pas le temps, si les déformations d’ensemble de la particule considérée sont rapides, d’atteindre tout à fait, à chaque instant, leur disposition interne appropriée à la disposition actuelle des centres de ces groupes, et qui constituerait leur forme permanente si cette disposition persistait. Seulement, les écarts qu’il y aura entre la configuration moléculaire effective de la particule et sa configuration isotrope ou élastique, seront assez faibles pour ne modifier d’ordinaire les pressions que de petites fractions de leurs valeurs. Vu d’ailleurs l’extrême rapidité avec laquelle ils s’évanouiraient si les déformations d’ensemble de la particule venaient à s’arrêter, ils ne dépendront, à fort peu près, que du mouvement actuel, caractérisé par les vitesses, non des mouvements antérieurs, définis jusqu’à un certain point par les dérivées de divers ordres des vitesses par rapport au temps, et dont les effets sur l’état statique interne des groupes moléculaires se seront déjà effacés.

» Donc, étant donnée en outre l’isotropie du fluide dans son état élastique, considéré comme état primitif ou état type relativement à son état vrai, les parties non élastiques des pressions, celles qu’ajoutent à la pression élastique ou primitive, uniforme et normale, les écarts de configuration interne dus au mouvement, se trouveront à fort peu près pareilles dans deux particules fluides de même nature, prises tant à une même densité qu’à une même température, et subissant actuellement, durant un temps très court, le même ensemble de déformations rapportées à l’unité de temps, quelle qu’en soit l’orientation.

» Les composantes tangentielles de ces parties non élastiques des pressions sont, à proprement parler, les forces auxquelles on a donné le nom de frottements intérieurs du fluide.

» Il nous sera facile, plus loin, du moins dans le cas de déformations bien continues, de les évaluer, ainsi que les parties analogues des composantes normales des pressions. Mais il importe, dès à présent, d’observer que l’existence de frottements intérieurs, de pressions obliques et inégales en divers sens, dans les fluides qui se déforment avec une vitesse suffisante, ne constitue pas une propriété de ces corps purement accidentelle, ou susceptible de disparaître en laissant subsister dans l’état de mouvement la fluidité parfaite (c’est-à-dire la normalité et l’égalité en tous sens des pressions) dont ils jouissent dans l’état de repos. Car on voit que cette imperfection de la fluidité d’un fluide qui se déforme est essentielle, comme inséparable