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AVERTISSEMENT.




On sait que les grands écoulements fluides, tels qu’ils se produisent dans les tuyaux de conduite et les canaux découverts, n’ont longtemps offert aux géomètres, même quand un lit régulier y assure l’uniformité du régime, qu’une énigme désespérante, suivant le mot de l’un de ceux qui s’étaient le plus longtemps et le plus obstinément appliqués à les comprendre, l’illustre Barré de Saint-Venant, célèbre par sa belle solution des problèmes de la torsion et de la flexion des prismes. Même en 1865, alors que les études expérimentales si nettes et si étendues de Darcy et de M. Bazin, d’ailleurs précédées de bien d’autres non moins judicieuses et profondes, celles de du Buat notamment, faisaient connaître les lois générales de ces écoulements, si importantes dans la pratique de l’art de l’ingénieur, M. Bazin pouvait dire, vers la fin de l’Introduction à ses Recherches hydrauliques : « La question se complique et s’obscurcit davantage, à mesure que de nouvelles expériences, plus nombreuses et plus précises, paraîtraient devoir y jeter une plus grande lumière… Nous ne possédons pas encore de notions saines sur les mouvements intérieurs des fluides et sur les actions mutuelles de leurs molécules… ».

La lumière se fit en 1870 seulement, par une mise en compte très simple de l’influence que l’agitation tourbillonnaire inséparable des écoulements considérés exerce sur le mouvement moyen local, c’est-à-dire sur la translation des particules fluides, seule intéressante pour l’hydraulicien. C’est dans la première Partie d’un Volume intitulé Éssai sur la théorie des eaux courantes, que fut expo-