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ESSAI SUR LA THÉORIE DES EAUX COURANTES.

3o La généralisation des deux résultats précédents, qui sont compris dans une même loi, consistant en ce que, aux endroits d’un canal découvert où un régime graduellement varié s’établit ou se détruit rapidement, la surface présente des ondulations ou n’en présente pas, suivant que le courant y est à l’état tranquille ou à l’état torrentueux, c’est-à-dire trop peu rapide ou assez rapide pour pouvoir s’y relever en ressaut s’il survenait, en aval une cause de gonflement ;

4o L’établissement de l’existence d’une classe de cours d’eau que j’appelle torrents de pente modérée, intermédiaire entre celle des rivières et celle des torrents proprement dits ou torrents rapides, et caractérisée par ce fait que l’influence de la courbure des filets n’y est négligeable, ni aux points où le régime uniforme se détruit, ni à ceux où il s’établit ;

5o Enfin la détermination approchée de la forme des ressauts allongés et onduleux que présentent, aux endroits où un gonflement fait suite au régime uniforme, les torrents peu rapides dont la pente de fond dépasse cependant la moyenne de celles des torrents de pente modérée[1]. L’analyse montre que les ondulations transversales dont sont sillonnés ces ressauts ont sensiblement, du moins les premières ou les plus basses, la forme des ondes solitaires observées par M. Scott Russell et par M. Bazin, et dont je donne plus loin la théorie, que j’avais déjà exposée dans un mémoire public au Journal de M. Liouville (t. xvii, 1872).

Des expériences de M. Bazin confirment, la division, en deux classes, des ressauts qui se produisent au bas des torrents : ressauts longs et onduleux, quand le torrent est peu rapide ; ressauts courts, sans inflexion à leur partie inférieure, et ne pouvant présenter des ondulations qu’après le relèvement de la surface, quand le torrent est, au contraire, de forte pente[2].

  1. Ou pour lesquels on a voir aux §§ xxi et xxii.
  2. Recherches hydrauliques entreprises par H. Darcy et continuées par M. Bazin (Savants étrangers, t. XIX), 1re partie, dernier chapitre, No 19.