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J. BOUSSINESQ.

donnent ne diffèrent pas sensiblement de ceux de l’expérience. J’arrive, par exemple, au vrai coefficient 0,82 de la dépense fournie par des ajutages cylindriques, tandis que le principe de Borda, tel qu’on l’applique d’ordinaire, donne 0,85.

Je montre ensuite qu’on peut, en combinant l’équation du mouvement permanent graduellement varié avec la formule du ressaut et avec certaines conséquences simples d’un principe de stabilité du mouvement, dont l’énoncé général est encore inconnu, mais dont l’admission me paraît inévitable, résoudre sans aucune indétermination le problème de l’état hydraulique de tout canal découvert qui est susceptible d’un régime uniforme, c’est-à-dire dont le lit a une forme assez peu différente de celle d’un prisme, ou d’un cylindre.

Cette étude me conduit à examiner la division bien connue des cours d’eau en deux principales catégories, cours d’eau de faible pente et cours d’eau de forte pente, ou encore rivières et torrents, se distinguant les uns des autres par la manière dont le régime uniforme s’y établit à l’amont des points où il existe, et surtout par la manière dont il se détruit à l’aval des mêmes points. Leur principale différence, trouvée par M. Belanger dès 1828, consiste en ce que le régime uniforme se détruit assez graduellement dans les premiers, pour que la forme des remous de gonflement et d’abaissement, produits aux points où s’opère cette destruction, puisse être déterminée au moyen de l’équation du mouvement permanent graduellement varié, tandis que, dans les seconds, dont les remous de gonflement sont des ressauts, le même régime se détruit trop rapidement pour que la courbure des filets fluides soit négligeable aux mêmes endroits. On peut y joindre un autre caractère, en quelque sorte inverse, consistant en ce que l’établissement du régime uniforme se fait graduellement dans les torrents, et trop rapidement ou avec trop d’ondulations, dans les rivières, pour qu’on puisse y négliger la courbure des filets fluides. Nous verrons un peu plus loin qu’il y a, outre ces deux principales classes de cours d’eau, une espèce intermédiaire, ne com-