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Au féminin pluriel la forme las n’apparaît pas.

Les principales formes combinées sont : del, devenu plus tard deu et du (on trouve aussi dou); al, pluriel als, puis, par vocalisation de l, aus, écrit aux; al du singulier est passé à au par analogie. En le devenait enl, el, plus tard eu, ou; il ne s’est pas maintenu. En les devient ès, maintenu dans quelques expressions : bachelier ès lettres, ès sciences, etc.

Substantifs

Le latin avait trois genres pour le substantif : fém. rosa, masc. murus, neutre templum ; le neutre a disparu dans le latin vulgaire où l’on trouve numbrus, vestigius, folius, palatius, au lieu de membrum, vestigium, etc.

Le neutre s’est maintenu, en ancien français, dans la déclinaison des adjectifs, des pronoms et des participes passés.

Les pluriels neutres latins en -a ont donné en général des noms féminins en français : folia > la feuille ; arma > l’arme ; corna (pour cornua) > la corne ; gaudia > la joie ; labra > la lèvre, etc.


Mots invariables. — Les substantifs dont le radical latin était terminé par s (mens-is, urs-us, curs-us) ou les neutres de deux syllabes terminés en -us, comme tempus, corpus, ont donné en français des substantifs monosyllabiques invariables : temps, corps, cours, ours, mois, etc.


Restes de cas. — On rattache aux nominatifs latins les formes suivantes: queux < coquus ; geindre (garçon boulanger) < junior; chantre, peintre, maire, sire, et quelques autres.

Il existe aussi dans l’ancienne langue quelques restes du génitif pluriel : Christianor, Paienor (la gent paienor), Francor (la geste francor), ancienor (la gent ancienor), mil-