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treuil; temperare > tremper; *turbulare > troubler; *adbiberare > abevrer, abreuver.

Enfin, dans certains mots, une r adventice s’est introduite, sans doute sous l’influence d’une autre r existant déjà ou pour des raisons obscures (analogie). Les principaux exemples de ce phénomène sont : perdicem > perdrix; tesaurum > trésor; cannabim > chanve et chanvre; incaustum, encaustum > enque[1], encre ; fundam > fonde, fronde.

Consonnes germaniques

L’étude du traitement des consonnes dans les mots d’origine germanique est intéressante, mais assez compliquée. Nous ne parlerons ici que de deux ou trois consonnes. D’une manière générale, elles ont été traitées comme les consonnes latines correspondantes.


Le germanique avait un phonème[2] correspondant au double w; en initiale il est devenu g, gu (déjà sans doute en latin vulgaire).

Ex. : werra (cf. anglais war) > guerre ; warda > garde ; wahta > lat. vulg. guacta > gaite (masc. guet; dérivés guetter, guetteur, guet-apens) ; warnjan > lat. vulg. warnire, guarnire > garnir ; Wido > Gui ; Widónem > Guyon ; Waltári > Gautier ; Winilónem > Guenelon, Ganelon; cf. encore Garnier, Guérard, Guérin, Guillaume, etc.

À l’intérieur d’un mot w d’origine germanique est traité comme v dans : sparwari > épervier, et dans le nom propre Hluthawig, devenu Clothavig, Cloevis, Clovis.

  1. Dans la Vie de Saint Alexis, l’a. fr. connaissait aussi pour dire encre le mot airement de atramentum.
  2. Le mot de phonème désigne les sons du langage, voyelles ou consonnes.