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Cette construction s’est maintenue jusqu’au xviie siècle.

Ex. :

Chaque goutte épargnée a sa gloire flétrie. (Corneille, Horace, III, 6.)
Dans le plus bel endroit a la pièce troublée. (Molière, Fâcheux, I, 1.)

Avec le sujet intercalé entre le verbe auxiliaire et le participe :

Sur qui sera d’abord sa vengeance exercée ? (Racine, Bajazet, V, 1.)
De nul d’eux n’est souvent la province conquise. (La Fontaine, Fables, I, 13[1].)
Place du complément et du sujet de l’infinitif.

Quand un infinitif, dépendant d’un verbe à un mode personnel, a un régime direct, le régime peut se placer avant l’infinitif.

Ex. :

O je vos ferai ja cele teste colper. (Pélerinage, 42.)
Ou je vous ferai couper cette tête.
Bien en podrat ses soldediers loer. (Rol., 133.)
Il en pourra bien louer ses soldats.
Or li fesons toz les chevels trenchier. (Cour. de Louis.)
Faisons-lui couper tous les cheveux.

Cette construction est beaucoup plus rare en prose.


Le sujet de la proposition infinitive peut aussi se mettre entre le verbe personnel et l’infinitif (c’est la construction actuelle : laissiez m’aler = laissez-moi partir) ; mais de plus le sujet se place souvent devant le verbe personnel.

  1. Cf. A. Darmesteter, Cours de gram. hist., Syntaxe, 2e éd., p. 116 ; Hasse, Synt. fr., § 153, 2e et 153, 1 A.