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pas sûr. On disait : une veuve dame, un maigre cheval, un vi diable, un merveilleux barnage (prouesse étonnante), la crestiiene loi, etc.

Place du participe passé.

Le participe passé était mis souvent avant le verbe être, quoique ce ne fût pas sa place la plus ordinaire.

Ex. :

Batisiéz fut, si out nom Alexis. (Alexis, 31.)
Il fut baptisé et il eut nom Alexis.
Morz est Turpins el servise Carlon. (Rol., 2242.)
Turpin est mort au service de Charles.
Vencuz est li niés Carle. (Rol., 2281.)
Il est vaincu, le neveu de Charíemagne.

D’autre part, le participe passé construit avec avoir pouvait aussi précéder l’auxiliaire.

Ex. :

Perdut avez Malpramis, vostre fils. (Rol., 3498.)
Vous avez perdu Malpramis, votre fils.
Desor son piz, entre les dous forcheles,
Croisiédes ad ses blanches mains, les beles. (Rol., 2249–50.)
Sur sa poitrine, entre les deux épaules, il a croisé ses blanches mains, les belles.
Place des pronoms.

Quand deux pronoms personnels atones, l’un régime direct, l’autre régime indirect précèdent un verbe, le régime direct, quand il est le, la, les, se met le premier.

Ex. :

Donc la me ceinst li gentilz reis, li magnes. (Rol., 2321.)
Alors le noble roi, le grand me la ceignit.
Bien le me garde. (Rol., 1819.)
Garde le moi bien.