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Les dis mulez fait Charles establer. (Rol., 158.)
Charles fait remiser les dix mulets.
Parmi la boche en salt fors li clers sancs. (Rol., 1763.)
Parmi la bouche en jaillit le sang clair.
Ne placet Deu...
Que ja por mei perdet sa valor France. (Rol., 1090}.
À Dieu ne plaise... que jamais pour moi la France perde sa valeur.

L’inversion est à peu près de règle jusqu’au xive siècle ; à cette époque les infractions à la règle se multiplient[1].

L’inversion du sujet se faisait fréquemment quand le verbe signifiait dire, parler, ou voir, ouir.

Ex. :

Dist Oliviers. (Rol., 1080.)
Respont li enfes. (Cour. de Louis, 214.)
L’enfant répond.

Dans les incises l’inversion est de règle, comme aujourd’hui (fait il, dist il, respont il, etc.)

Place du complément déterminatif.

En général quand le substantif complément déterminatif n’est pas relié au substantif déterminant par la préposition de, il suit le déterminant : la mort Roland, l’espée Charlon, l’onor mon père.

Quand le complément déterminatif est uni à son substantif par la préposition de, il peut le suivre immédiatement, mais il arrive souvent qu’il le précède.

De mon espede encui savras le non. (Rol., 1901.)
Tu sauras aujourd’hui le nom de mon épée.
De nos ostages ferat trenchier les testes. (Rol., 57.)
Il fera trancher les têtes de nos otages.
  1. G. Paris, Chr., § 251, 252.