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Avant, devant

Avant était surtout adverbe dans la langue du moyen âge. Il l’est constamment dans la Chanson de Roland. En moyen français l’usage de avant préposition se développe et triomphe à partir du xvie siècle.


Devant était adverbe et préposition : il s’employait comme préposition, dans l’ancienne langue, là où nous mettrions avant. Ex. : Devant le jour, avant le jour.

Au xviie siècle, ces deux prépositions ne se distinguent pas encore d’une manière précise ; les conjonctions avant que et devant que sont en concurrence, mais, malgré les préférences de Vaugelas pour cette dernière, avant que l’emporte[1].

De

De présente, comme à, une très grande variété de sens. Cette préposition marque primitivement la séparation ; mais, au figuré, les sens sont très divers.

Pour l’omission de de devant un complément possessif ; de devant un infinitif ; de précédant un sujet logique ; de après un comparatif ; de après un participe passé ; après un adjectif (ma lasse d’ame) : cf. supra.

De peut signifier de la part de, au nom de.

Ex. :

Et l’arcevesques, de Deu, les beneïst. (Rol., 1137.)
Et l’archevêque, au nom de Dieu, les bénit.
Ceste corone, de Jesu, la te vié. (Cour. de Louis.)
  1. Haase, Synt. fr., § 130.