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A sert souvent à marquer le temps, l’époque, avec ou sans idée de durée.

Ex. :

A cel jour : ce jour là.
Vos le sivrez a feste Saint Michel. (Rol., 37.)
Vous le suivrez à la fête Saint Michel.
Ne l’amerai a trestot mon vivant. (Rol., 323.)
Je ne l’aimerai de toute ma vie.
Metez le siege a tote vostre vie. (Rol., 212.)
Mettez-y le siège pendant toute votre vie.
Il porterent viande a nuef mois. (Villehardouin, 21.)
Ils portèrent de la nourriture pour neuf mois.

A marque très souvent le moyen, l’accompagnement, la manière et peut se traduire par avec.

Ex. :

A l’une main si ad son pis batut. (Rol., 2868.)
Avec une de ses mains il a frappé sa poitrine.
L’olifant sone a dolor et a peine. (Rol., 1787.)
Il sonne l’olifant avec douleur et avec peine.
Ad ambes mains deront sa barbe blanche. (Alexis, 78 b.)
Avec ses deux mains il déchire sa barbe blanche.
A pou de gent repère en la citét. (Aimeri de Narbonne, 1989.)
Avec peu de gens il revient dans la cité.
Passa la mer a son seignor. (Benoit de Sainte-Maure, 38495.)
Il passa la mer avec son seigneur.

On trouve avec le même sens la locution composée a tout (= avec).

Li cuens Tybaus de Champaigne... vint servir le roi a tout trois cens chevaliers (= avec trois cents chevaliers).

A a aussi un sens distributif.

Ex. :

Muerent paien a miliers et a cenz. (Rol., 1417.)
Les païens meurent par milliers et par centaines.