Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
PHONÉTIQUE

On appelle mots savants ou mots d’emprunt les mots empruntés plus ou moins directement au latin ou au grec (et aussi aux langues modernes); ils ont été francisés sans se soumettre aux lois régulières de la phonétique : ainsi monasterium donne la forme populaire moustier et la forme savante monastère; on appelle ces doubles formes doublets.

A

A tonique libre devient e (pour le son de cet e, cf. infra, prononciation).

Ex. :

  • clarum > cler ;
  • cantare > chanter;
  • mare > mer ;
  • parem > per ;
  • alam > ele ;
  • fabam > fève ;
  • amatam > amée, etc.

Clair, pair, aile sont des formes refaites à la Renaissance; a a été rétabli d’après le latin (clarum, parem, alam).

Quand a tonique est suivi de m, n, il se dégage un i provenant de ces consonnes ; le résultat est la diphtongue nasalisée ain, prononcée depuis le xiie siècle ein avec e ouvert.

Ex. :

  • amo > j’aim ;
  • clamo > je claim ;
  • famem > faim ;
  • manum > main ;
  • panem > pain ;
  • granum > grain ;
  • planum > plain ;
  • plangere > plaindre ;
  • frangere > a. fr. fraindre, etc.

Le suffixe -álem a donné -el, comme le montrent les formes mortalem > mortel ; *missalem > missel ; cf. encore talem > tel ; qualem > quel ; mais on trouve de nombreuses formes en al (égal, royal, loyal, etc.), qui n’appartiennent pas sans doute à l’ancien fonds de la langue. On trouve mel (malum) à côté de mal; animal est emprunté au latin.