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Participe présent

Le participe présent[1] se décline comme un adjectif de la deuxième classe : cf. la Morphologie. On disait donc ; uns hom chantanz ; une femme chantant, au cas-sujet singulier ; au cas-sujet pluriel on disait : li home chantant, les femmes chantanz ; au cas-régime : les homes chantanz, les femmes chantanz.

Les formes en -ante, -antes pour le féminin n’existaient pour ainsi dire pas dans l’ancienne langue ; des exemples comme les suivants : si s’en ala criante et plorante (Livres des Rois, 164.), gens mécréantes (ibid., 396) sont des plus rares.

Les formes féminines en -ante, -antes deviennent plus fréquentes en moyen français ; mais jusqu’au xvie siècle la langue a une tendance à faire l’accord en nombre et non en genre : on disait donc plutôt des femmes plorans, chantans que pleurantes, chantantes. « Palsgrave déclare même que le participe présent français n’a pas de féminin[2]. » En 1679, l’Académie décide que le participe présent sera invariable, à moins qu’il ne soit devenu adjectif verbal.

Participes présents à sens passif.

La langue moderne a conservé quelques participes présents à sens passif, dans des expressions comme : rue passante, représentation payante, deniers comptants, etc. Les participes de ce genre étaient très fréquents dans l’ancienne langue ; ils marquent d’ailleurs plutôt une action qui dure qu’un passif proprement dit.

  1. Au début il était invariable ; il ne s’est assimilé aux adjectifs qu’à la fin du xie siècle et au début du xiie.
  2. Brunot, Gram. hist., § 466.