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Ex. :

Com vit le lit, esguardat la pulcele,
Donc li remembret de son seignour céleste. (Alexis, 56.)
Quand il vit le lit et qu’il regarda la jeune fille, alors il lui souvient de son seigneur céleste.
Li cuens Rollanz quant il veit morz ses pers,
Tendror en out, comencet a plorer. (Rol., 2215.)
Le comte Roland, quand il voit morts ses pairs, en eut pitié et commence à pleurer.
Quand se redrecet, mout par out fier le vis. (Rol., 142.)
Quand il se redresse (redressa[1]), il eut (avait) le visage très fier.
En piez se drecet si li vint contredire. (Rol., 195.)
Il se dresse sur ses pieds et vint le contredire.

L’imparfait, qui, dans la langue moderne, marque une action qui durait dans le passé, est souvent remplacé par le passé défini, qui est le temps de la narration et non de la description. La réciproque a d’ailleurs également lieu, mais beaucoup moins souvent avant le xiie siècle.

Ex. :

Li palais fut listez d’azur et d’adimant.
Li palais fut voltiz...
Et fut fait par compas... (Pélerinage, 334.)
Le palais fut (était) bordé d’azur et de diamant...
Il fut (était) voûté...
Il fut (était) bien construit.
Bons fut li siecles al tems ancienour,
Quer feit i eret et justicie et amour. (Alexis, 1.)
Bon fut (était) le monde au temps passé, car il y régnait justice et amour.
Vairs out les oilz et molt fier le visage ;
  1. Nous mettons entre parenthèses, dans les exemples qui suivent, les formes qu’exigerait la syntaxe actuelle.