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Les divers éléments des noms de nombre formés par addition étaient réunis par et : on disait vingt et deux, trente et trois, comme aujourd’hui vingt et un, soixante et onze. Cet usage s’était maintenu en partie au xviie siècle (trente et trois, vingt et quatre dans Corneille).

Ex. : Mil et cent et quatre vinz et dix sept anz. (Villehardouin.)

Un nom de nombre formé d’une unité de dizaine + un n’exigeait pas que le substantif fût au pluriel ; l’accord se faisait avec un et non avec l’ensemble du chiffre.

La règle se maintient au xvie siècle et au xviie il y a encore hésitation.

L’ancien français formait des multiplicatifs avec vingt : six vint, douze vint, quatorze, quinze vint, etc. Quatre-vingts est un reste de cet ancien usage (cf. l’Hôpital des Quinze Vingts) . On trouve jusqu’à dix-huit vingt. Le cas-sujet de vingt était vint, le cas-régime vinz.

Avec cent l’usage est le même qu’aujourd’hui ; mais on pouvait dire dix cens, comme huit cens, neuf cens.


Pour mille l’ancien français avait la forme mil, qui on correspondait au latin mille (singulier) et milie, plus tard mille, qui correspondait au latin milia (pluriel neutre).

Ex. :

Od mil de mes fedeilz. (Rol., 84.)
Avec mille de mes fidèles.
Vint milie homes (Ibid., 13.)
Sont plus de cinquante milie. (Ibid., 1919.)

Il y a d’ailleurs souvent confusion entre mil et milie, mille.

Ordinaux

L’ancienne langue employait peu les noms de nombre cardinaux dans les cas où nous les employons aujour-