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chacun en fonction d’adjectif. Chaque « inconnu à Rabelais, se rencontre dans Montaigne (I, 10.)[1] ».


Mesme.

La langue actuelle donne deux sens à cet adjectif indéfini, suivant la place qu’il occupe : le même homme (identité), l’homme même (idée d’insistance).

Dans l’ancienne langue cette règle n’existait pas et jusqu’au xviie siècle le sens de même était déterminé par le contexte et non par la place qu’il occupait.

Ex. :

Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu ? (Corneille, Cid, II, 12.)
avoir ainsi traité
Et la même innocence et la même bonté. (Molière, Sganarelle.)

Inversement on trouve au xviie siècle :

Sans être rivaux, nous aimons en lieu même. (Corneille, Place Royale, V, 3.)
Nul.

Nul avait un cas-régime nului, qui a disparu de bonne heure. Étant négatif, nul pouvait s’employer sans négation ; mais ce n’était pas une règle générale ; il est souvent accompagné de la négation dans la Chanson de Roland.

Om, on.

Om, on venant de homo, a de bonne heure le sens indéfini qu’il a de nos jours : il y en a quatre exemples dans la Vie de Saint Alexis, et ils sont plus nombreux dans la Chanson de Roland.

Plusor.

Plusor, pluisor (mod. plusieurs) correspond à un comparatif du latin vulgaire (cf. la Morphologie) et signifie plusieurs, beaucoup. Employé avec l’article

  1. Brunot, Gram. hist., p. 353.