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Hélas ! mon cher Morel, dy-moy que je feray,
Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles. (Du Bellay, Œuvres choisies, 219[1].)

Au xviie siècle, les exemples ne sont pas rares.

Ex. :

Qui n’avait jamais éprouvé que peut un visage d’Alcide. (Malherbe.)
Le roi ne sait que c’est d’honorer à demi. (Corneille.)
Voilà, voilà que c’est de ne voir pas Jeannette. (Molière, Étourdi, IV, 6.)
Vous savez bien par votre expérience
Que c’est d’aimer. (La Fontaine, Contes, III, 5.)

C’est par une omission de la même nature que s’explique la tournure suivante, si commune dans la langue du moyen âge : faire que avec le cas-sujet et ellipse du verbe : faire que fols, c’est-à-dire : faire (ce) que (fait) un fou[2] ; faire que sages, c’est-à-dire : faire (ce) que (fait) un sage ; faire que proz, agir en preux ; faire que traïstre, agir en traître.

On trouve encore dans La Fontaine (Fables, V, 2) :

Celui-ci s’en excusa,
Disant qu’il ferait que sage
De garder le coin du feu.

Qui = Si l’on.

Qui sujet d’un verbe au conditionnel ou, ce qui est la même chose en ancien français, à l’imparfait ou au plus-que-parfait du subjonctif, a le sens de : si quelqu’un, si l’on, si on : cet emploi a lieu surtout

  1. Brunot, Gram. hist., § 275.
  2. Il s’agit à vrai dire ici d’une proposition relative et non pas interrogative, comme dans le cas précédent.