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Au xvie siècle celui pouvait encore être employé comme sujet d’un verbe ou comme adjectif.

Celuy n’est parfait poète
Qui n’a une âme parfaite. (D’Aubigné, III, 140.)
Celui Dieu (Marot) ; iceux bœufs (Rabelais).

Icelui, icelle subsistent encore au xviie siècle dans certaines formules de procédure.

Cettui-ci, très fréquent chez Balzac, est rare après Corneille, qui l’a employé trois fois dans Clitandre.

Dans une proposition négative comme la suivante : n’i ad cel, celui ne plort et se dement, celui prend le sens de personne, comme on le voit en traduisant : il n’y a personne qui ne pleure et ne se lamente. Cette tournure, très fréquente en ancien français, se retrouve au xvie siècle : Il n’y a celuy qui ne se vante qu’il en a grande quantité (Despériers, Cymbalum, II)[1].

Après comme, celui a le sens de quelqu’un.

Ex. :

J’en parle come de celuy que je ai connu. (Commynes, 7, 2.)
J’en parle comme de quelqu’un que j’ai connu.
Dès le lendemain délibéra de partir comme celuy qui avait grande envie de retourner (Id., 8, 11.) ; = comme quelqu’un.
Emploi de ce, ço.

L’ancien français emploie volontiers le pronom neutre ço, ce devant les verbes croire, dire, savoir, sentir, voir, etc., quand ces verbes sont suivis d’une proposition subordonnée complétive, que ço, ce servent, pour ainsi dire, à annoncer.

Ex. :

Ço sent Rodlanz que la mort li est prés. (Rol., 2259.)
Roland sent que la mort lui est proche.
  1. Darmesteter et Hatzfeld, Le xvie siècle en France, p. 257.