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Il la vuelt prendre, cil ne li vuelt guerpir. (Ibid., 351.)
Il veut la prendre, mais celui-ci ne veut pas la lui abandonner[1].
Périphrases remplaçant le pronom personnel.

L’ancien français employait des tournures comme mon cors, ton cors, son cors, plus rarement ma char, ta char, et quelques autres expressions semblables en fonction de pronoms personnels. Les exemples avec cors sont en particulier nombreux : l’expression signifiait : de ma personne, de ta personne, en personne, moi-même, toi-même.

Ex. :

Jo conduirai mon cors en Rencesvals. (Rol., 892.)
J’irai moi-même, en personne, à Roncevaux.
Li cors Dieu les cravant ! (Aimeri de Narbonne, 1019.)
Que Dieu les écrase !

Le mot cors sert aussi à renforcer le pronom de la 3e personne ou le substantif sujet.

Ex. :

Il ses cors ira. (Villehardouin, 93 f.)
Il ira en personne.
Li roys ses cors avoit fait. (Joinville)
Le roi avait fait en personne, lui-même.
Il meismes ses cors portoit. (Id.)
Lui-même portait.
Pronoms-adverbes en, y.

En et y (a. fr. i), qui, dans la syntaxe moderne, se rapportent aux choses, pouvaient se rapporter aussi aux personnes.

Ex. :

De Nicole le bien faite
Nus hom ne l’en puet retraire. (Aucassin, III, 4.)
  1. Cependant on trouve, dans le même poème (v. 368, 373) : done li la, lui la consent, exemples qui prouvent que le pronom régime ne s’omettait pas, quand il devait être placé après le pronom régime indirect. Pour le xviiie s., cf. Haase, Synt. fr., § 4.