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leurs placé après cui, ne prend pas ordinairement d’article.

Ex. :

Godefrois, cui anme soit sauvée. (Roman de Bauduin de Sebourc, XXV, 64.)
Godefroy, dont l’âme soit sauvée !
Je ving au conte de Soissons, cui cousine germainne j’avoie espousée. (Joinville, 238.)

On trouve encore dans Joinville des exemples comme le suivant : le roi de France cui cosins il ere (42 e.) ; en cui garde (112 g.), etc.

Article devant les superlatifs.

Quand le superlatif formé avec plus, moins, mieux se trouve après le substantif (ou un pronom), l’article est généralement omis. Il en est de même pour les superlatifs des adverbes.

Ex. :

Ad un des porz qui plus est près de Rome. (Alexis, 196.)
À un des ports qui sont le plus près de Rome.
Par les sainz que Dieu a plus amez. (Aimeri de Narbonne.)
Par les saints que Dieu a le plus aimés.
Ce fut cil qui plus noblement arriva. (Joinville, 158.)

On disait de même : plus tost qu’il pot = le plus tôt qu’il put[1].


Au xvie siècle on hésite entre l’emploi de l’article devant les superlatifs de ce genre et son omission. Du Bellay dira indifféremment :

L’enfant cruel de sa main la plus forte. (I, 115.)
Car le vers plus coulant est le vers plus parfait. (II, 69.)
C’est la beste du monde plus philosophe. (Rabelais, I, Prol.)
  1. On lit dans Villon : Passez-vous en mieulx que pourrez. (Grand Testament, 346.)