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pris le sens négatif qu’avec ne. Cf. supra, Pronoms indéfinis.

Pour le neutre on emploie rien[1]. Ce mot ne s’employant guère qu’avec des verbes accompagnés d’une négation finit par prendre le sens négatif.


Les termes qui complètent la négation sont nombreux en ancien français ; on employait des mots désignant de petites choses, des fruits : alie, cenelle, fie, nois, pomme, espi, festu ; mie, goutte, pas et point ont seuls survécu.

Néant (anciennes formes nient, noient) paraît provenir de ne inde ou peut-être de ne gentem.

Réponse affirmative ou négative

La réponse affirmative se faisait ordinairement par o et aussi par l’expression o il[2], en sous-entendant le verbe de l’interrogation : vient-il ? o il [vient] ; boit-il ? o il [boit], etc. Les deux éléments s’étant soudés on a eu oïl, puis par amuïssement de l final et passage de o protonique à ou la forme actuelle oui.

La réponse négative se faisait par non ou non il, qui est devenu nen il, puis nenni, avec chute de l et redoublement de n. La prononciation actuelle est naní ; mais beaucoup de patois ont la prononciation nã-ní ; on entend également nènní, avec e ouvert.

On pouvait répondre aussi : o je (avec le pronom de la première personne) et naje (pour non je). Mais ces expressions sont plus rares et n’ont pas survécu.

On pouvait aussi répondre par si, soit seul, soit suivi du verbe faire à un mode personnel : si faz (1ere p. sg

  1. Rien signifiait au début, conformément à son étymologie (rem), chose : une riens = une chose.
  2. Hoc illi (pour ille) ; non il = non illi.