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2e et 3e p. sg. Depuis les origines la 2e personne n’a pas varié. La 3e a perdu le t au xiie s.

Pour la 1ere p. plur. on a au début -omes (picard), -om, -um (normand) et -ons. C’est probablement à sons (de être) que remonte cette dernière. Sons avait un doublet somes qui est resté pour le verbe être, tandis que sons a servi pour les autres conjugaisons.

Chantez représente au début chantets (z = ts en a. fr.). Depuis longtemps z s’est amuï, du moins devant consonne.

Imparfait

L’imparfait se présente sous trois formes : je chantève < lat. cantabam; je chantoe, chantoue, même origine; je chanteie, chantoie; cette dernière forme, qui est postérieure aux autres, a seule survécu dans la langue littéraire.

Je chant-eie, oie n. chanti-iens
tu chant-eies v. chanti-iez
il chant-eiet il chant-eient


Voici l’explication de ces formes : -eie renvoie à une désinence latine -ẹ́a(m), provenant de -ēbam par chute du b. On suppose que cette forme s’est développée d’abord dans l’imparfait des verbes suivants, très usités pour des motifs d’ailleurs très divers : habebam, debebam, vivebam, bibebam, qui sont devenus habẹ́a, debẹ́a, vivẹ́a, bibẹ́a, d’où aveie, deveie, viveie, beveie. Cet imparfait a donc été emprunté par la 1ere conjugaison. Au xiie siècle -oe, -oue est remplacé par -eie, puis par oie (fin du xiie s.). La terminaison de chant-oie, qui comptait à l’origine pour deux syllabes, devient monosyllabique au xvie s., où l’on écrivait chantoie et chantois. Au xviie la 1ere personne du singulier prend régulièrement s ; à la fin du xviiie s. on écrit chantais. La 1ere et 2e p. pl. sont empruntées à des formes dérivées de -ebámus, -ebátis (et non -abamus, -abatis de la