reculé, jusqu’aux grands lacs, à l’inextricable delta du Danube et à la mer. Là, une autre région de pêche attend l’indigène aussi bien que l’étranger, qui, depuis des siècles, accourt du Nord et du Sud pour exploiter ces richesses infinies.
Même spectacle dans la Moldavie : on descend des cimes nues du Ceahlau pour se trouver bientôt parmi les vergers des riants villages et des couvents antiques, dont les coupoles s’élèvent à l’improviste au-dessus des immenses forêts. Un peu plus loin, la large rivière du Séreth déroule majestueusement ses eaux claires parsemées d’îles nombreuses ; là, les coteaux baignés de soleil se recouvrent chaque année de splen-dides moissons ; entre les pâturages qui nourrissaient jadis une des plus nobles races de bétail de l’Europe, celle des bœufs au large front et aux puissantes cornes droites, miroitent les étangs créés par les anciens boïars pour nourrir, pendant les longs mois du carême orthodoxe, leur « cour » et leurs paysans. Au delà du Pruth aux eaux lentes, enfin, qu’enserrent de hauts rivages argileux qui le cachent presque aux regards, se déroule la plaine de la Bessarabie, avec ses ondulations douces, propices au pacage. Cette région peu peuplée, qui conserve partout le même caractère de la steppe et le souvenir de l’ancien « désert », conduit aux grands lacs du Danube, pareils à ceux de la Dobrogea voisine, et au « liman » du Dniester ; là se termine la principauté que les maîtres du pays au XIV siècle s’enorgueillissaient, dans leur titre même, d’avoir menée « de la montagne à la mer ».
L’Olténie, à tant d’égards pareille à la Serbie voisine et ayant des similitudes avec les territoires qui tendent, non plus vers la mer de Byzance, mais bien vers celle de Venise, offre de nouveau cette douce succession de tous les climats, de tous les aspects et de tous les produits, depuis les hauteurs solitaires de