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anciens Germains, commença à se distinguer des autres pays de l’ « Empire », Nogaï, un des chefs de l’Occident, prit sur le Danube inférieur la place des anciens rois scythes et de leurs successeurs huns, avales bulgares, magyars, puis pétschénègues et cumans. Mêlés continuellement aux affaires de la Bulgarie décadente, qui reçut dans Trnovo un Tzar tatar de sa création, Tschouki, pour en arriver ensuite à des dynasties cumanes, de sang probablement roumain, originaires de la région du Vidin, les Tertérides, puis les Sichmanides, allié d’une certaine manière aux Paléo-logues de Byzance, Nogaï, auquel succéda bientôt son rival de même sang, Toktaï, aurait réussi peut-être à fonder sur cette lisière de l’Orient un établissement durable, si, ayant abandonné ses pratiques païennes, influencées déjà par l’islamisme envahissant, il avait adopté, comme les chefs bulgares et magyars, la religion de ses sujets. Ne l’ayant pas fait, les Roumains, que les sources byzantines affublent à cette époque du nom suranné d’Alains, profitèrent des avantages d’une vie commerciale intense, d’une paix garantie par la force tatare et même des enseignements militaires fournis par leurs maîtres passagers. Ce sont eux, en effet, que Nicéphore Grégora dépeint comme « les Gètes d’au delà de l’Istros, ayant le même armement que les Scythes et qui, étant des chrétiens, soumis ensuite par la main violente de ces dits Scythes, se soumirent à eux matériellement, bien que contre leur gré, mais gardèrent, par le sens de leur supériorité (έδφεις et par un sentiment d’isolement à l’égard de ces infidèles, leur qualité de peuple autonome »[1].

  1. I, p. 204.