Germains le titre de « knèzes », qu’on a rattaché à celui de « Konunge », de « Könige » des migrations gothes. Les Roumains employèrent à leur tour des dénominations pour les domni élus ou héréditaires, qui leur rendaient la justice et les conduisaient à la guerre même ; « Voda » devint synonyme du prince, alors que « cneaz », qui a en russe le même sens, en arriva, comme son correspondant roumain « jude » ou « judec », à désigner seulement le paysan libre.
Mais ces Slaves avaient aussi des rois, des krals, formés — nous l’avons dit — à l’image du roi des Francs, Charlemagne, qui avait étendu ses conquêtes et fixé ses ducs et ses comtes jusqu’à la Save, à la Drave, au Danube moyen ; c’est l’origine de cette royauté morave, croate et serbe qui organisa les éléments guerriers des Slaves du Sud-Ouest et du Sud. Les Roumains ont aussi connu ce titre nouveau ; ils en ont fait leur « craiu », sans penser d’ailleurs à se donner une organisation royale distincte de la tradition impériale. Sous l’autorité douce, paternelle de leurs chefs locaux, ou domni, les Roumains vivaient dans leurs villages, où, selon la coutume thrace, le sol était possédé en commun, non seulement en ce qui concerne la forêt et l’étang, mais aussi les champs de labour, où chacun avait, au lieu d’une propriété, seulement une « parte » (1), mot qui finit par désigner tout droit la possession de la terre. Ces villages étaient de création plutôt récente ; leur nom rappelle en effet celui du fondateur, de l’ancêtre, « mos » (d’où vient le nom de « mosie », héritage, pour tout bien foncier) ; « satul Albestilor », « Negrestilor », dont vient la forme courante : Albesti, Negresti, ne signifie pas autre chose que « le village des descendants d’Albul,