fondèrent la nation. Un de ces anciens établissements agathyrses ou sarmates, Sarmisagethusa, sise entre les montagnes, au milieu du plus admirable des cirques formés par les Carpathes, devint leur capitale, c’est-à-dire le lieu où ils s’abritaient l’hiver et où ils déposaient le butin enlevé pendant les mois du printemps et de l’été aux paisibles habitants des villes danubiennes. Les villages qui en dépendaient se cachaient dans les vallées transylvaines ; ils descendaient même vers la plaine, mais plutôt du côté occidental, vers le Banat actuel, où ils étaient protégés par la ligne de montagnes qui borde la frontière roumaine de 1914 pour aboutir aux Portes-de-Fer, où le Danube est facile à traverser.
Le plus grand des rois daces, celui qui réussit à remplacer sur la rive droite la royauté macédonienne de la Thrace, fut Boirébista, nom qui rappelle peut-être la lignée dace des Bures qui habitaient le Banat. Il régnait en maître sur tout le cours inférieur du Danube jusqu’au delta, où des Bastarnes germaniques s’étaient nichés dans les îles, au milieu des marécages, à Peuce (aujourd’hui Ile des Serpents) et ailleurs. Une inscription grecque de Marcianopolis nous montre que les villages grecs dépendaient de son autorité suzeraine et que des délégués des Hellènes allaient prendre les ordres du grand roi barbare de la montagne. Ayant donc gagné le droit de disposer des forces gètes, — le nom même des Gètes disparaît à ce moment, — il avait hérité des rois scythes, non seulement sur la côte occidentale de la Mer Noire, mais aussi au Nord où Olbia, dont le dieu, le Jupiter olbiapolitanus, était le patron de toutes ces communautés helléniques, reconnaissait sa tutelle protectrice. Une nouvelle unité politique s’était formée sur les ruines de la suzeraineté scythe, au Nord du Danube, grâce au caractère même de la région, qui favorisait, qui appelait même