de Hongrie — on criait : « l’Union ou la mort ! » — la jeunesse roumaine des écoles et ses nouveaux professeurs, Siméon Barnut et Timothée Cipariu, le futur philologue, ainsi que les fonctionnaires des chancelleries d’État, se réunirent sans avoir pris l’avis d’un clergé qui, sous l’évêque Lemény, avait laissé son Église, pour organiser à Blaj une protestation solennelle. Le dimanche après Pâques, il y eut donc dans la plaine des Târnave, près de la ville épiscopale des « unis », une assemblée préparatoire des paysans : puis, le 3 mai, eut lieu une autre assemblée, d’un caractère tout à fait extraordinaire : des milliers de laboureurs et de bergers vinrent pour écouter les discours de ses chefs, les prêtres et les professeurs. L’église de Blaj dut capituler devant le caractère grandiose du mouvement, et l’évêque sortit à la rencontre de celui qui, après la mort de Moga, avait été élu comme évêque des orthodoxes, André Saguna, fils d’un marchand de Macédoine établi dans la Monarchie autrichienne. Il y avait aussi, parmi les organisateurs, le rédacteur du premier journal roumain qui parut pour les Roumains de Transylvanie, la « Feuille pour l’intelligence, le cœur et la littérature » (depuis 1838) ; c’était Georges Barit, lui aussi fils de paysan, de même que Barnut, Cipariu et les autres ordonnateurs de la grande manifestation nationale. Dans ces paysans qui acclamèrent la nouvelle nation roumaine « autonome et partie intégrante de la Transylvanie sur les bases d’une liberté égale » tous les facteurs de la vie religieuse, scolaire et littéraire, saluèrent la plus puissante garantie d’un avenir national. En même temps, des mouvements dans la même direction se produisaient dans le Banat serbe où les Roumains demandaient maintenant la séparation nationale et une organisation particulière, aussi bien religieuse que politique.
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