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de la région de Neamt, près de Piatra. Dans le district de Prahova, près de Valenii-de-Munte, on a été surpris de se trouver, presqu’à fleur de terre, grâce peut-être à une œuvre d’excavation antérieure, devant le plus riche trésor d’armes de bronze qu’on ait déterré jusqu’à aujourd’hui. Ailleurs aussi, des amateurs ont recueilli des pièces isolées, comme celles (qui formaient, vers la moitié du siècle dernier, les collections fort mélangées et pleines d’objets faux, d’un Bolliac ou d’un Papazoglu, et qui furent réunies plus tard au musée archéologique de Bucarest.

En général, le peuple n’a pas perdu le souvenir des places où ont vécu les précurseurs de la vie roumaine actuelle. Il les signale en parlant des traces laissées par les « géants » (uriasi), par les « Latins » païens (Letini) et par les « Juifs » (Jidovï), ce qui paraît désigner plutôt les Khazares de la steppe russe, peuplade de race ouralo-altaïque, comme on sait, mais de religion juive. Ces villages préhistoriques se trouvent le plus souvent sur les hauteurs, occupées plus tard par des monastères et des citadelles du moyen âge historique (que le langage populaire désigne par le terme emprunté au latin populaire, de « cetatui » (citadelle). Quant aux nombreux tumuli visiblement artificiels, ils correspondent souvent aux kourgans russes ; ils contiennent, avec de la poterie, des armes, des restes d’animaux sacrifiés, de la cendre et des squelettes de rois et de chefs barbares ; certains recouvrent d’anciennes habitations ; d’autres paraissent n’avoir servi que pour signaler par des feux d’avertissement le passage des hordes qui, jusqu’au VIe siècle envahissaient pres-qu’annuellement le pays.

Les restes humains trouvés éventuellement dans les anciens foyers préhistoriques n’ont pas encore été soumis à une étude attentive ; l’anthropologie n’a pas fixé d’une manière tant soit peu précise les caractères physiques