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ACTE TROISIÈME.


Scène II.


Une chambre dans la maison de Volpone.
VOLPONE, seul.

VOLPONE.

Mosca tarde longtemps, ce me semble. (Appelant.) Vous autres, venez avec vos jeux et aidez-moi à égayer le temps maussade.

(Entrent Nano, Androgyno et Castrone.)
NANO.

Nain, fou, eunuque, nous sommes les bienvenus ici ; mais je pose une question : lequel de nous trois, qui faisons partie du luxe délicat d’un homme riche, lequel aura la préséance ?

CASTRONE.

Je réclame pour moi.

ANDROGYNO.

Le fou réclame pour lui.

NANO.

C’est une folie, en vérité ; laissez-moi vous envoyer tous deux à l’école. D’abord le nain est petit et spirituel, et tout ce qui est petit est gentil. Autrement, pourquoi dit-on d’une créature de ma taille, aussitôt qu’on la voit : Charmant petit singe ? Et pourquoi ce surnom de singe, si ce n’est parce qu’il imite agréablement, et de façon à faire rire, les gestes des grands hommes ? D’ailleurs, ce corps fluet et mignon ne demande pas la moitié de ce que réclament en nourriture, en boisson, en étoffe pour les vêtements, vos corps grossiers et massifs. Admettez que la seule figure d’un fou fasse naître le rire, sa cervelle ne vaut pas celle d’un nain, et, bien qu’il en vive, il est fâcheux que pour vivre il soit nécessaire d’avoir une si laide figure. (On frappe.)

VOLPONE.

Qui est là ? Mon lit ; regarde, Nano. Donne-moi mes bonnets ; va-t’en d’abord ; informe-toi. (Nano sort.) Main-