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VOLPONE.

étranger ; c’est vrai, monsieur, l’affaire ne me regarde pas ; mais je porte un vif intérêt à la bonté et aux vertus véritables qui sont en vous, au dire de tout le monde, et c’est par cette seule raison et sans arrière-pensée monsieur, que je vous parle.

BONARIO.

Ce conte te fait perdre beaucoup de la confiance que j’avais en toi tout à l’heure ; ce que tu me dis est impossible ; je ne saurais admettre l’idée que mon père soit si dénaturé.

MOSCA.

Cette confiance en lui sied à votre tendresse filiale, et vous la puisez sans doute dans votre propre innocence ; c’est ce qui rend d’autant plus odieux et monstrueux le tort qu’on veut vous faire ; maintenant je vous dirai plus : dans cet instant même la chose est faite ou est en train de se faire ; je veux vous amener dans un endroit où vous vous entendrez proclamé, par écrit, bâtard, et, comme tel, rejeté dans les races déshéritées de la terre.

BONARIO.

Je ne reviens pas de ma surprise.

MOSCA.

Monsieur, si je ne fais pas ce que je vous dis, tirez votre épée et écrivez votre vengeance sur mon front et sur ma figure ; écrivez-y que je suis un vilain. On vous fait une trop cruelle injustice, vraiment, et j’en souffre pour vous, monsieur. Mon cœur saigne d’angoisse…

BONARIO.

Marche devant, je te suis. (Ils sortent.)