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ACTE DEUXIÈME.

étranglera. Il y a longtemps que cela aurait été fait déjà, sans vos scrupules.

CORVINO.

Diantre soit de mes scrupules ! Ma conscience dupe mon esprit. Va, sois prompt ; sois prompt, de crainte que l’autre ne nous devance. Va chez ton maître ; préviens-le, dis-lui avec quel zèle et quel empressement je le fais ; jure-lui que c’est à la première parole que tu m’en as dite, et, surtout, que c’est de mon seul et propre mouvement.

MOSCA.

Je vous garantis, monsieur, que je vais si bien m’emparer de lui, qu’il donnera congé à ses autres clients affamés et ne recevra plus que vous. Mais ne venez pas, monsieur, avant que je ne vous envoie chercher, car j’ai encore quelque chose à disposer pour vous, et vous ne devez pas le savoir.

CORVINO.

Mais alors n’oublie pas de m’envoyer chercher bientôt.

MOSCA.

Ne craignez rien, ( Il sort.)

CORVINO, appelant.

Où êtes-vous, ma femme, ma Célia, ma femme ?

(Célia rentre.)

Quoi ! tout en pleurs ? Viens, séche ces larmes. Tu croyais donc que je parlais sérieusement ? Ah ! par la lumière du jour, en te parlant ainsi je ne voulais que t’éprouver. Il me semble que la futilité de la circonstance aurait dû t’éclairer. Viens donc, je ne suis pas jaloux, va.