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ACTE DEUXIÈME.

tant à qui fera la présentation. Je vous conjure donc, monsieur, de prendre un parti promptement ; prévenez-les, si vous pouvez.

CORVINO.

Mort de mes espérances ! C’est ma fâcheuse destinée ! — Il vaut mieux, à prix d’argent, trouver quelque vulgaire courtisane.

MOSCA.

Ah ! j’y avais pensé ; mais elles sont toutes si fines, si pleines d’artifices ; d’un autre côté, la vieillesse est si flexible à manier, si radoteuse, que, peut-être, je ne puis pas l’assurer, mais enfin, par hasard, je pourrais tomber sur une gaillarde qui nous duperait tous.

CORVINO.

C’est vrai.

MOSCA.

Non, non. Il faut quelque femme sans ruse, un être simple, naïf ; une créature faite exprès pour cela ; quelque jeune personne sur laquelle vous ayez de l’autorité. N’avez-vous pas quelque cousine ? Diable ! pensez-y, pensez-y, pensez-y, pensez-y, pensez-y, monsieur, pensez-y. Un des docteurs a offert sa fille.

CORVINO.

Quoi !

MOSCA.

Oui, le signor Lupo, le médecin.

CORVINO.

Sa fille !

MOSCA.

Une vierge, monsieur ! Que voulez-vous, hélas ! Il sait l’état de mon maître, ce qu’il est, que rien ne peut réchauffer son corps, sinon la fièvre ; qu’aucun charme ne peut ressusciter son imagination, un long